Apprendre à lire : les causes de léchec

0lecture-190x300.jpgUn apprentissage complexe

L’enfant a appris à marcher et à parler sans difficultés particulières. Pourquoi serait-ce différent pour l’apprentissage de la lecture ? Tout simplement parce qu’il ne répond pas au même instinct que d’avancer pour la marche ou de communiquer pour le langage. Apprendre à lire nécessite une instruction appropriée

Pour apprendre à lire, l’enfant doit impérativement comprendre le principe alphabétique

L’invention du système alphabétique est ingénieuse, mais cette méthode est abstraite et arbitraire pour de jeunes enfants dont les capacités d’abstraction sont très limitées. Concevoir, par exemple, le mot « truc » comme la suite de quatre « sons » distincts (« t », « r », « u », « c ») est une démarche artificielle. 

Contrairement à une idée largement répandue, apprendre à lire n’est pas une évidence – indépendamment de l’intelligence et du milieu socioculturel. Les enfants qui souffrent déjà de troubles divers (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie, trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, etc.) ne sont pas les seuls concernés.

 

La lecture : facteur essentiel de la réussite scolaire

Partout dans le monde, les recherches scientifiques montrent que, dans 85 % des cas, les enfants en échec scolaire ont, à la base, un problème de lecture.

Dans 15 % des cas – malgré un niveau de lecture correspondant à celui de leur âge – les enfants éprouvent des problèmes de compréhension. Ces difficultés ne sont pas propres au support écrit, mais se retrouvent également à l’oral. Selon le ministère français de l’Éducation nationale, à l’entrée au collège, « 15 % des enfants ne savent pas lire et 20 % ne comprennent pas ce qu’ils lisent ».

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D’après les statistiques de l’Observatoire national de la lecture (ONL), instance mise en place en 1996 par l’État pour lutter contre l’illettrisme, « dix enfants sur cent vont à l’école pendant plus de dix ans et en sortent sans savoir lire ou écrire ; dix autres éprouvent des difficultés majeures avec la lecture ».

En moyenne, 40 % des élèves d’une classe de CP sont en difficulté dans l’apprentissage de la lecture et doivent avoir recours à des spécialistes (orthophonistes, psychomotriciens). 

Or, en dehors de l’importance de ce chiffre, il est intéressant de constater que dans neuf cas sur dix, il s’agit d’enfants qui ne souffrent d’aucun trouble particulier, mais qui rencontrent des « blocages » uniquement liés aux méthodes d’apprentissage utilisées.

Les causes de l’échec

boy.jpg1. Inapplication sur le terrain des constats scientifiques

De fabuleux progrès ont été réalisés ces trente dernières années par la recherche scientifiqueexpérimentale. 

Nous savons maintenant que, pour apprendre à lire et à écrire, l’enfant ne peut pas faire l’économie de la découverte du principe alphabétique. Il doit prendre conscience que les signes écrits représentent, sous une forme graphique, des unités abstraites du langage oral appelées phonèmes.

La très grande majorité des chercheurs s’accorde à reconnaître que le développement de cette aptitude constitue le « moteur » même de l’apprentissage. 

En effet, un nombre important d’études a montré que le niveau d’habileté d’enfants de 4 ans à segmenter la parole en phonèmes permettait de prédire leur niveau de lecture quatre ans plus tard. 

Ces constats scientifiques sont malheureusement peu pris en considération par la communauté éducative, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années. On continue trop souvent à appliquer sur le terrain des pratiques pédagogiques considérées, par l’ensemble de la communauté scientifique, comme dangereuses et largement responsables de l’important taux d’échec scolaire.

2. Absence de formation adéquate des enseignants

La plupart des gens ignorent qu’un enseignant peut se retrouver à la tête d’une classe de CP sans avoir reçu la moindre formation sur les processus d’apprentissage de la lecture, malgré le caractère primordial de cette acquisition dans la réussite scolaire des enfants. Notre objectif n’est pas de remettre ici en question les enseignants. Nombreux sont ceux qui déplorent cette absence de formation ; ils se retrouvent considérablement désemparés et démunis lorsqu’ils sont brusquement confrontés à devoir enseigner la lecture à une classe de CP. 

À cet égard, José Morais, l’un des principaux artisans des travaux de l’Observatoire national de la lecture (ONL), s’indigne que nos enseignants ne reçoivent pas de formation adéquate pour apprendre à lire à nos enfants :

« Est-il raisonnable, par exemple, qu’une personne, si dévouée soit-elle, se voie confier la charge d’apprendre à lire à des enfants alors qu’elle-même sait peu, voire a des idées fausses, sur ce qu’on fait en lisant et sur les mécanismes de l’apprentissage ? » 
(José Morais, « La lecture et l’apprentissage de la lecture : des questions pour la science », in Regards sur la lecture et ses apprentissages, Rapport de l’Observatoire national de la lecture, 1996).

 

draw.png3. Des méthodes de lecture inappropriées

Toutes les méthodes ne sont pas bonnes, loin de là, ainsi que le reconnaît expressément l’ONL :

« On entend parfois dire que toutes les méthodes d’enseignement de la lecture sont bonnes, que toutes s’équivalent. C’est faux ! […] l’Observatoire peut et doit dire clairement de quel côté se situe la vérité scientifique […]. En résumé, à l’heure actuelle, nous pouvons affirmer que la conception de la lecture la plus appropriée est celle qui insiste sur la découverte, de manière très précoce, du principe alphabétique, c’est-à- dire du fait que les caractères alphabétiques représentent, sous une forme graphique, les unités abstraites de la parole que l’on appelle phonèmes ». (José Morais (dir.), Apprendre à lire, Paris, Odile Jacob, 1998)

Il convient de ne pas confondre les méthodes phoniques, dont il est question ici, avec les méthodes dites « syllabiques » ou « alphabétiques ».

Ces dernières consistent en l’apprentissage par cœur du nom des lettres (l’alphabet), puis en la combinaison inclassable et laborieuse d’une consonne et d’une voyelle (par exemple, « b » et « a » qui font « ba »). Ainsi, ces méthodes font abstraction du fait que l’écrit n’est qu’un moyen de retranscrire la parole. Elles considèrent l’écriture comme un langage à part, sans aucune relation avec le langage oral.

Contrairement à ce que l’on pense, ces méthodes ne donnent pas de meilleurs résultats que celles dites « globales » ou « semi-globales ». En effet, elles ne fonctionnent pas avec tous les enfants et sont, en outre, particulièrement rébarbatives.

Force est de constater que la plupart des méthodes existantes sont soit globales, soit semi-globales, ou encore syllabiques. Les méthodes phonémiques ou phonétiques sont particulièrement rares, si l’on fait abstraction de la méthode LES ALPHAS que nous proposons.

La méthode de lecture LES ALPHAS a de surcroît l’avantage de s’adresser à de tout jeunes enfants, en présentant l’apprentissage comme un plaisir et non pas comme une corvée. Elle évite ainsi de les dégoûter, parfois à jamais, de la lecture.