Apprendre à lire : les causes de l'échec

Pour apprendre à lire, l’enfant doit impérativement comprendre le principe alphabétique.
Or, l’invention du système alphabétique est certes géniale, mais il s’agit d’une invention d’adultes abstraite et arbitraire pour les jeunes enfants dont les capacités d’abstraction sont très limitées. Concevoir, par exemple, le mot « truc » comme la suite de quatre « sons » distincts (« t », « r », « u », « c ») est une démarche totalement artificielle.
Contrairement à une idée largement répandue, apprendre à lire n’est pas une évidence – indépendamment de l’intelligence et du milieu socioculturel – et pas seulement pour les enfants qui souffrent de troubles divers (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie, trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)).
La lecture: facteur essentiel de la réussite scolaire

En moyenne, 40% des élèves d’une classe de CP sont en difficulté dans l’apprentissage de la lecture et doivent avoir recours à des spécialistes (orthophonistes, psychomotriciens).
Or, en dehors de l’importance de ce chiffre, il est intéressant de constater que dans 9 cas sur 10, il s’agit d’enfants qui ne souffrent d’aucun trouble particulier, mais qui rencontrent des « blocages » uniquement liés aux méthodes d’apprentissage utilisées.
Les causes de l’échec

De fabuleux progrès ont été réalisés ces 30 dernières années par la recherche scientifique expérimentale.
Nous savons maintenant que dans notre système d’écriture alphabétique, l’enfant ne peut pas faire l’économie de la découverte du principe alphabétique. C’est à dire prendre conscience que les signes écrits représentent, sous une forme graphique, des unités abstraites du langage oral, appelées phonèmes.
La très grande majorité des chercheurs s’accordent à reconnaître que le développement de cette aptitude constitue le « moteur » même de l’apprentissage.
A cet égard, un nombre important d’études a montré que le niveau d’habileté d’enfants de 4 ans à segmenter la parole en phonèmes permettait de prédire de leur niveau de lecture, quatre ans plus tard.
Or, il s’avère que ces constats scientifiques sont peu pris en considération par la communauté éducative, bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années. En effet, on continue trop souvent à appliquer sur le terrain des pratiques pédagogiques considérées par l’ensemble de la communauté scientifique comme dangereuses sur le plan pédagogique et largement responsables de l’important taux d’échec scolaire.
A cet égard, José Morais, l’un des principaux artisans des travaux de l’Observatoire National de la Lecture (ONL), institution qui dépend directement du ministère de l’Education nationale, s’indigne que nos enseignants ne reçoivent pas de formation adéquate pour apprendre à lire à nos enfants :
« Est-il raisonnable, par exemple, qu’une personne, si dévouée soit-elle, se voit confier la charge d’apprendre à lire à des enfants alors qu’elle-même sait peu, voire à des idées fausses, sur ce qu’on fait en lisant et sur les mécanismes de l’apprentissage ? » (José Morais, Regards sur la lecture et ses apprentissages, publication de l’ONL).

« On entend parfois dire que toutes les méthodes d’enseignement de la lecture sont bonnes, que toutes s’équivalent. C’est faux ! (…) L’Observatoire peut et doit dire clairement de quel côté se situe la vérité scientifique (…) En résumé, à l’heure actuelle, nous pouvons affirmer que la conception de la lecture la plus appropriée est celle qui insiste sur la découverte, de manière très précoce, du principe alphabétique, c’est-à- dire du fait que les caractères alphabétiques représentent, sous une forme graphique, les unités abstraites de la parole que l’on appelle phonèmes ». (Extrait de Apprendre à lire, parution de l’ONL, aux éditions Odile Jacob.)
Il convient de ne pas confondre les méthodes phoniques dont il est question ici avec les méthodes dites « syllabiques » ou « alphabétiques ».
Ces dernières en effet consistent en l’apprentissage par cœur du nom des lettres (alphabet) suivi de la combinaison inclassable et laborieuse d’une consonne et d’une voyelle (b+a = ba). Ainsi, ces méthodes font abstraction du fait que l’écrit n’est qu’un moyen de retranscrire la parole et considèrent l’écriture comme un langage à part sans aucune relation avec le langage oral.
Contrairement à ce que l’on pense, ces méthodes ne donnent pas de biens meilleurs résultats que les méthodes globales ou semi-globales. En effet, elles ne fonctionnent pas avec tous les enfants et sont en outre particulièrement rébarbatives.
Or, force est de constater que la plupart des méthodes existant sur le marché sont soit globales, soit semi-globales ou encore syllabiques, les méthodes phonémiques ou phonétiques étant particulièrement rares, si l’on fait abstraction de la méthode « Les Alphas » que nous proposons.
Elle a de surcroît l’avantage de s’adresser à de tout jeunes enfants, présentant l’apprentissage comme un plaisir et non pas comme une corvée. Elle évite ainsi de les dégoûter parfois à jamais de la lecture.