Etre heureux à l'école, un facteur de réussite scolaire
Nous avons appris avec Paul Fort que le bonheur est dans le pré. Mais le bonheur se cherche partout, même à l’école. Le bonheur à l’école, c’est si sérieux que nos voisins d’outre-Atlantique, qui possèdent une réelle avance sur l’Europe dans ce domaine, l’étudient à l’université. Chez nous, selon Marcel Rufo, pédopsychiatre, près de la moitié des consultations en pédopsychiatrie concerne la scolarité.
L’évaluation PISA de 2015 s’est penchée sur la corrélation entre la qualité de vie et la réussite scolaire, et présente un rapport sur la façon dont écoliers et collégiens apprécient leur bien-être à l’école. Alors, être heureux à l’école, une utopie ?
Les résultats de l'étude PISA 2015 sur le bien-être des élèves
Il est important d’être heureux car selon diverses études scientifiques, la satisfaction des enfants à l’école est un facteur important pour la capacité à réussir, développer l’estime de soi et le bien-être.
Commençons par une bonne nouvelle : 90% des enfants interrogés sont heureux dans leur vie. Si ce sentiment de bonheur n’a pas de réel impact sur les résultats scolaires, en revanche, l’environnement scolaire, et notamment la qualité de la relation avec leur enseignant, est un facteur déterminant. Ainsi, les élèves des établissements heureux font part de la réception d'un plus grand soutien de leur enseignant.
Stress et sentiments d’appartenance, les deux points à améliorer
Le stress a on le sait, une incidence négative sur les résultats scolaires. Il est intéressant de souligner que cette anxiété est davantage liée au soutien et à la confiance accordés par un professeur qu’à l’évaluation en elle-même.
Le sentiment d’appartenance à l’école a également des répercussions sur les résultats scolaires
Le faible niveau d’appartenance influence négativement l’engagement. L’enfant, isolé des enseignants et des autres enfants, ne ressent pas d’émotion positive vis-à-vis de l’école. Pour transformer ce sentiment, différentes stratégies pédagogiques, concrètes et faciles à adopter, peuvent être mises en place telles que : engager le dialogue, veiller à maintenir une atmosphère de respect mutuel, diversifier les activités proposées, ou encore favoriser l’autonomie, et surtout discipliner de manière bienveillante et non punitive.
A côtés de ces pratiques, le soutien de l’enseignant aide à renforcer le sentiment d’appartenance. Ce soutien peut s’exprimer par des encouragements, de la tolérance, de l’écoute active, et donner l’exemple en se montrant soi-même enthousiaste.
Encourager à bouger pour une bonne santé affective
« C’est une grande erreur que de séparer complètement la vie physique de la vie mentale. » Maria Montessori
Pour lutter contre le stress et favoriser le sentiment d’appartenance, la pratique d’une activité physique, en dehors de l’école, a aussi son importance. Les élèves déclarant pratiquer une activité sont moins susceptibles de se sentir angoissés par une évaluation (-2,9 points de pourcentage) et de se sentir étrangers dans l’école (-6,7 points de pourcentage). Il a été démontré que les enfants actifs ont une meilleure estime d’eux-mêmes, se font plus confiance et ont une meilleure image de leur corps.
Du point de vue de la réussite scolaire, la pratique d’une activité physique peut améliorer les résultats à l'école à bien des égards. En premier lieu, cela développe la mémoire (connaissance et intégration des règles). Par ailleurs, le fait de bouger activerait certaines zones du cerveau et augmenterait l’apport en sang que celles-ci reçoivent. Enfin, les capacités intellectuelles seraient stimulées par la relaxation. Tous ces facteurs contribuent à développer un plus grand sentiment d’appartenance et à aider l'enfant à l'école.
Pour consulter le rapport PISA 2015 :
https://www.oecd.org/fr/publications/resultats-du-pisa-2015-volume-iii-9789264288850-fr.htm
Le bien-être chez les plus petits en maternelle
De plus en plus d’enseignants, avec l’appui de l’ensemble de la communauté éducative, placent le bonheur au centre de leur pédagogie. Ils intègrent des postures de bienveillance et instaurent un dialogue sur les émotions de l’enfant : rapport entre la météo et le temps qu’il fait « à l’intérieur de moi » ? Comment je me sens ? Est-ce que je suis triste, en colère, ou au contraire heureux. L’idée est de permettre à l’enfant d’exprimer ses sentiments et d’en connaitre le motif. Travailler l’estime de soi et la communication dès la maternelle sont des facteurs qui contribuent à améliorer la santé mentale des enfants.
Un jeu pour aider l’enfant à s’exprimer et gérer ses émotions : Mémo de l’égalité - émotions, pour se familiariser avec les émotions.
Heureux dans ses apprentissages, un facteur de réussite scolaire
Aux cycle 1 et cycle 2, l’enfant construit ses apprentissages au travers d’activités ludiques, ce qui donne un sens au monde qui l’entoure et lui permet d’associer l’apprentissage au plaisir. Comme le souligne Jean-Pierre Ryngaert, professeur à l’Université Paris 3 -Sorbonne Nouvelle, le jeu permet de conforter le « désir d’apprendre » et le « plaisir de savoir ». Des études scientifiques tendent à démontrer que les pédagogies basées sur le jeu et le bien-être émotionnel et relationnel s’accompagneraient de résultats significatifs en termes de performance scolaire.
Contribution dans le cadre du rapport du CNESCO sur la qualité de vie à l’école, paru en octobre 2017 : http://www.cnesco.fr/wp-content/uploads/2018/08/QdVie_experimentations.pdf
Dans son livre Heureux d'apprendre à l'école, Catherine Gueguen, figure emblématique de la parentalité et des neurosciences françaises, explique aux enseignants comment la relation enseignant-élèves ainsi que les émotions et comportements des enseignants ont des répercussions sur l'apprentissage. Se sentir compris pour l'enfant permet de prendre confiance en soi, et entretient la motivation, et en cela participe à sa réussite scolaire.
Les neurosciences affectives et sociales présentent qu’une relation chaleureuse et empathique génère un cercle vertueux : l’enfant se sent compris, il est motivé, sa réussite scolaire augmente et l’enseignant se sent compétent.
"De très nombreuses études s'accordent à dire que lorsque l'enseignant entretient une relation chaleureuse et empathique avec un enfant, les effets retentissent sur l'enseignant lui-même, qui est satisfait de son travail, et sur l'élève qui se sent sécurisé et confiant, ce qui l'encourage et stimule son désir d'apprendre. Il progresse alors sur tous les plans: personnel, social et scolaire" extrait du livre « Heureux d'apprendre à l'école ».
Pour en savoir plus :
Le centre de ressources et d’ingénierie documentaire canadien a publié en 2012 une bibliographie très complète sur un ensemble d’études menées au niveau national et international, sur le bien-être à l’école, l’évaluation du bien-être à l’école, son lien avec la réussite scolaire, une enquête sur le climat scolaire auprès des maternelles et élémentaires, mais aussi le stress des enseignants : https://www.ciep.fr/sites/default/files/migration/bibliographie/bibliographie-le-bien-etre-a-l-ecole.pdf
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