le b.a-ba de l'école à la maison
L’instruction en famille séduit de plus en plus de parents. Pour preuve, le nombre d’enfants a doublé en sept ans et concerne aujourd'hui 25 000 enfants (données 2015). Cette évolution interpelle et pose la question de concevoir l’enseignement autrement. Diverses motivations amènent des familles “non scolarisantes”, de tout horizon, à pratiquer ce que l’on appelle communément l’école à la maison. Cette pratique est encadrée, nécessite des démarches préalables et fait l’objet d’un contrôle par le Dasen - directeur académique du service de l’Education Nationale.
Quid de l'instruction en famille
Pour rappel, ce n’est pas la scolarisation qui est obligatoire mais l'instruction pour tous les enfants de 3 à 16 ans. Ce choix d’éducation peut être dicté par l’impossibilité pour l’enfant d’être scolarisé, par des besoins éducatifs particuliers ou encore le souhait des parents de conjuguer apprentissage et bien-être de l’enfant. Cette instruction, possible pour tout enfant résidant en France, peut être dispensée par la famille et ne nécessite aucun diplôme particulier. Celle-ci a aussi la possibilité de faire appel à une autre personne. Attention à ne pas confondre instruction en famille et instruction à distance avec des cours par correspondance. Dans ce cas, l’enfant est scolarisé à distance. Enfin, le service public rappelle que l’école à la maison doit regrouper uniquement les enfants d’une seule et même famille.
Les formalités
Les démarches sont simples et sont à accomplir avant chaque rentrée scolaire. Il s’agit d’adresser une déclaration écrite :
• à la mairie
• à la direction des services départementaux de l’éducation nationale.
En cas de déscolarisation en cours d’année, la famille possède 8 jours pour adresser ses deux courriers informant du changement d'instruction.
Plus d’info sur les formalités liées à l’IEF : site du Service public-école à la maison
Une instruction sous contrôle
L’IEF est contrôlée à deux niveaux. Le contrôle est effectué d’une part par la mairie, dans le courant de la première année de l'instruction en famille, puis renouvelé tous les deux ans. Il s’agit d’une enquête sur l’environnement de l’enfant, les raisons du choix de l’IEF et l'organisation de l’instruction.
Le contrôle pédagogique est assuré par la Dasen, et a lieu tous les ans afin de vérifier la progression de l'enfant. La famille est informée de la date et du lieu du contrôle (qui peut être soit le domicile, soit un établissement scolaire) par courrier, un mois avant la date prévue.
Le contrôle s’articule autour :
1. d’un entretien avec les parents qui présentent leur projet pédagogique
2. d’exercices proposés à l’enfant. Il fait ensuite l’objet d’un rapport, transmis à la famille.
Selon le site de l’association LAIA (Association à but non lucratif pour le soutien à l'instruction en famille), le taux d'enseignements satisfaisants se maintient depuis une dizaine d'années au-dessus de 97 % - données pour 2014-2015.
La loi Blanquer et l’IEF
Les nouveautés en termes d’éducation de la loi Blanquer, et présentées dans notre article « Quels sont les changements au programme de cette année 2019 2020 ? », ont une incidence sur l’IEF. La maternelle étant obligatoire, il convient dès 3 ans de déclarer l’IEF auprès de la mairie et de l’académie. Qui dit déclaration, dit également contrôle des acquis. En maternelle, l'instruction porte principalement sur la maîtrise du langage oral, l'acquisition d’un vocabulaire varié, et le développement de la conscience phonémique. Pour s’assurer de ces acquis fondamentaux, nombre de mamans, telles que Marylène, qui tient le blog « Petits génies en herbe », font le choix de la méthode d’apprentissage de la lecture avec les Alphas.
Lire l’article 19 de la loi Blanquer
Pourquoi l’IEF séduit les familles ?
Chaque famille a son histoire. Différentes raisons les amènent à faire le choix de l’IEF.
On peut cependant distinguer 3 principales motivations :
1. Le choix d’un style éducatif basé sur le bien-être et l’autonomie de l’enfant
2. Un système scolaire inadapté à l’enfant
3. Un mode de vie incompatible avec le rythme scolaire
1. Une instruction basée sur le bien-être et l’autonomie de l’enfant : l’IEF est pour certains un choix de vie qui privilégie une relation de qualité parent-enfant. L’instruction s’adapte au rythme de l’enfant, prend en compte ses intérêts, et stimule son autonomie, avec une absence totale de stress. Les parents disposent d’une liberté d’enseignement au niveau de l’emploi du temps et des pratiques pédagogiques.
2. Un système scolaire inadapté : l’école peut s’avérer compliquée, voire être vécue comme une souffrance pour les enfants au profil différent tels que les DYS, ceux victimes de violences ou de harcèlement.
Pour Laetitia, c'est pour ces deux raisons évoquées précédemment qu'elle a fait le choix de l'école à la maison. "C'est un choix de vie de passer du temps avec ses enfants. C'est aussi la possibilité d'adapter l'enseignement à chaque enfant en fonction de leur personnalité et de leur difficulté. Mon garçon, lorsqu'il était scolarisé, a souffert du jugement des autres, ce qui l'a bloqué dans ses apprentissages ; ce fait a renforcé mon choix de faire l'IEF, afin de l'accompagner sans le casser. C'est une chouette aventure qui convient à toute la famille."
3. Un mode de vie incompatible avec le rythme scolaire: l’IEF s’impose naturellement lors d’une vie professionnelle itinérante ou lors d’un changement de vie en mode nomade.
Et la socialisation ?
La socialisation est l’une des premières questions qui vient à l’esprit. Le laboratoire EMA de l’université de Cergy-Pontoise, vient tordre le cou aux a priori en observant que les enfants bénéficiant de l’IEF fréquentent souvent les espaces publics tels que les médiathèques, centres d’animation ou musées. Le rythme différent offre plus d'opportunités d’interactions et de découvertes avec le monde environnant, qu’il soit culturel ou humain. Les familles sont par ailleurs très actives dans le développement de leurs réseaux, aussi bien réels (amis, voisins, associations sportives ou autres) que virtuels (blogs, site internet, réseaux sociaux), dans l’optique de partager et d’échanger sur leur expérience. Bref, la socialisation est belle et bien présente mais se pratique simplement différemment.
Rejoindre la communauté de l’IEF
Faire l’école à la maison ne veut pas dire faire l’école seul dans son coin. Plusieurs associations fournissent aux parents pratiquant l’IEF accompagnement, soutien et informations, pour tout savoir sur cette pratique d’instruction.
LAIA : Association Libres d’apprendre et d’instruire autrement. Un site qui contient des données chiffrées sur l’IEF et qui favorise les échanges entre les familles pratiquant l’école à la maison.
UNIE : Union Nationale pour l'Instruction et l'épanouissement. Association de familles scolarisantes et non scolarisantes pour la défense de l’instruction sous toutes ses formes. Conseil juridique et aide aux familles pour dialoguer avec l’Education nationale et d'autres institutions, et documents à télécharger pour effectuer les déclarations obligatoires.
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